Table ronde : la place des femmes dans les médias

Le vendredi 10 mars, le Bureau des Médias a reçu trois invitées pour une table ronde autour de la place des femmes dans les médias. Marie-Christine Lipani, chercheuse et maître de conférence et référente égalité hommes-femmes à l’IJBA, Flore Galaud, rédactrice en chef de Sud-Ouest, en présentiel et Anne-Laure Bonnet, journaliste sportive, présente en visioconférence, ont accepté de venir échanger avec les étudiant.e.s de l’IEP le temps de deux heures. Cette table ronde était organisée à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars dernier, l’occasion pour nous d’aborder plusieurs thèmes.

Marie-Christine Lipani, Flore Galaud et Anne-Laure Bonnet (en visio), le 10 mars.

D’abord, des questions sur leur formation et parcours professionnel. Anne-Laure Bonnet explique par exemple avoir étudié à Sciences Po Paris, des études que l’on n’associait pas forcément au journalisme sportif : quand les autres étudiants lisaient le monde, elle lisait L’Équipe. Marie-Christine Lipani n’a pas vraiment ressenti l’expérience de l’étudiante journaliste, arrivée dans ce milieu « par hasard », comme elle le dit. Quant à Flore Galaud, elle déclare avoir suivi un parcours assez typique : licence en langues avant d’intégrer l’Institut français de Journalisme. Puis elles évoquent leurs modèles de femmes journalistes. Pour Flore Galaud, Florence Aubenas est évidemment un exemple.

Ensuite, l’axe de la table ronde se dirige vers la question des inégalités, de la légitimité et de la remise en question de leur place, une potentielle division genrée du travail au sein des rédactions. Pour Flore Galaud, qui a travaillé pour l’éditeur de presse Suédois Metro International, le milieu du journalisme n’est malheureusement pas épargné par le sexisme ambiant : il n’est ni moins ni plus touché que les autres milieux professionnels. Et ce sexisme dans les médias règne tout autant dans les différents pays où elle a pu exercer. Anne-Laure Bonnet, elle, évoque un souvenir de 2021, alors qu’elle présentait l’émission Téléfoot. Elle reproche à certaines émissions d’opter pour une « façade » car derrière, en régie, dans la production ou la rédaction, les femmes se font rares. Anne-Laure Bonnet n’a pas hésité à appuyer le fait qu’on lui a plutôt demandé d’être belle que compétente.

Le rapport de l’ARCOM, publié le 6 mars 2023, sur la représentation des femmes à la télévision et à la radio met d’ailleurs en avant le manque de présence des femmes dans les médias. Selon eux, “la part de femmes présentes à l’antenne progresse en 2022  (+1 point)  et  atteint pour la première fois un taux de 44 %. En revanche,  le  temps de parole des femmes à l’antenne, mesuré automatiquement par l’INA, stagne à 36 %”. Cela permet de constater que les femmes sont moins présentes en tant que journalistes, mais aussi en tant que consultantes ou interviewées. Pour pallier cela, Flore Galaud explique favoriser les femmes expertes dès qu’elle le peut. Elle insiste sur le fait que chacun.e peut jouer un rôle, à ne rien laisser passer, elle encourage les femmes à demander des augmentations de salaire. Les hommes osent, les femmes non.

Anne-Laure Bonnet, qui anime une fois par mois l’émission Sport, etc, dit préférer mettre en avant des spécialistes et consultantes femmes dès qu’elle le peut. Pour nos trois invitées, les choses évoluent mais lentement, trop lentement.

Marie-Christine Lipani de son côté, dans ses cours à l’IJBA, sensibilise les étudiants au traitement médiatique des femmes et à l’inclusion comme en demandant à ses étudiants s’ils n’auraient pas pu choisir d’interviewer une femme à la place d’un homme, ce que cela aurait changé dans le reportage.

Nos trois invitées s’accordent donc sur le fait que les dispositifs de discrimination positive étaient des outils précieux, qu’il fallait utiliser à bon escient, afin d’améliorer la représentation des femmes journalistes.

Enfin, nous évoquons le traitement médiatique des femmes dans les médias, notamment sur l’évolution des Unes autour des termes de « féminicide » ou « viol ». Nos invitées déplorent des dictons et formulations toutes faites comme “crime passionnel” au lieu de féminicide. Sud-Ouest a notamment engagé depuis un an et demi un travail pour raviver la mémoire de femmes mortes sous les coups de leur conjoint. Éditorial : Féminicides, l’état d’urgence (Sud-Ouest).

Puis vient le temps des questions du public. Une étudiante demande par exemple si les invitées ont des conseils à donner aux jeunes femmes souhaitant devenir journalistes. La réponse est claire : ne pas avoir peur pour faire bouger les choses, car c’est la future génération qui pourra faire cela.

Ainsi se conclut la table ronde, nous tenons une nouvelle fois à remercier nos trois invitées d’avoir répondu présentes.

L’équipe du Bureau des Médias avec nos invitées, le 10 mars.

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